La sagesse de Kim Thúy
Élue membre de l'Ordre du Canada, la romancière vante l'harmonie et la paix qui règnent au pays
(Photo Gouverneure générale du Canada, Instagram)
Au cours d’une cérémonie devant des milliers de personnes rassemblées cette semaine pour célébrer la Fête du Canada, cérémonie au cours de laquelle elle a reçu l’Ordre du Canada, la romancière québécoise Kim Thúy a été frappée par le fait qu’un tel événement puisse se tenir en l’absence de mesures de sécurité imposantes. «Il faut vraiment que le pays soit paisible pour pouvoir ainsi se rassembler sans avoir besoin de sécurité lourde. Je me dis: ça représente notre pays à nous», a-t-elle déclaré le lendemain dans une entrevue avec Philippe Cantin, au 98,5.
Selon madame Thúy, le Canada se caractérise par l’harmonie et la paix qui y règnent. L’harmonie, précise-t-elle, ne signifie pas que tout le monde est d’accord. «Pour moi, un pays harmonieux, c’est qu’on a plusieurs points de vue, plusieurs expériences, on vient de partout, mais on est capable de s’écouter, de s’entendre, de comprendre l’autre, de faire des compromis, pour qu’on puisse vivre ensemble.»
L’harmonie, la paix: voilà deux valeurs fondamentales du Canada. Tout n’est pas parfait, bien sûr. Mais ce sont les idéaux vers lesquels on tend. Or, pour la romancière d’origine vietnamienne, ces atouts, ce mode de vie sont fragiles, surtout dans le monde d’aujourd’hui. «Je voyais cette paix-là et je me dis: combien de temps on va l’avoir encore? On est un pays tellement gentil, tellement doux, tellement extraordinaire que les autres vont vouloir nous l’enlever!»
J’ai trouvé ces paroles de Kim Thúy d’une grande sagesse. C’est un fait incontestable que nous vivons ici au Canada, au Québec, dans une situation de prospérité, de paix et d’harmonie qui font l’envie du monde. Encore une fois, ça ne veut pas dire que tout est parfait, loin de là. Beaucoup de gens font face à des problèmes économiques sérieux. Les inégalités et les injustices sont nombreuses. Les services publics ne suffisent pas à la tâche. La plupart des régions et communautés, dont la nation québécoise, se sentent incomprises par les autres. Mais, comme l’exprime l’écrivaine, le standard de réussite d’un pays, ce n’est pas l’absence de tensions, mais comment on parvient à gérer ces tensions de manière pacifique. Et comment on arrive à faire de la diversité non pas un motif de querelles et de violence, mais une richesse.
Je laisse le dernier mot à Kim Thúy: «On ne le réalise pas parce qu’on vit dans cette paix depuis assez longtemps pour que la mémoire oublie. Et je me disais: comment on va faire pour se le rappeler à tous qu’on doit faire très attention pour la préserver, pour la maintenir et peut-être même avoir l’ambition de la partager partout dans le monde? De dire que c’est possible de vivre ensemble, on en est l’exemple vivant.»
Ça fait des années que Madame Thúy dénonce la violence sous toutes ses formes. Elle a identifié un événement lui permettant de répéter son attachement à la paix. Il n'y a rien de nouveau ni de politique dans cette déclaration.
Pourtant, après Serge Fiori le « remarkable Canadian », voici donc Kim Thúy devenue défenderesse du Canada. Ça devient une manière ces détournements.
Kim Thúy en 2020 :
Kim Thúy, une fière Québécoise
L’autrice raconte s’être sentie québécoise dès qu’elle a mis les pieds à Granby, sa terre d’accueil. Elle s’est sentie adoptée et se dit fière d’être québécoise.
« Je pense qu’il y a une certaine pudeur [des Québécois] à se trouver beaux, à se trouver bons. Je crois que le fait que je vienne de l’extérieur – je suis une enfant adoptée d’une certaine façon – [me donne] le droit de nous dire à quel point on est beaux, et j’ai un comparatif avec ce qui était avant. »
https://ici.radio-canada.ca/tele/blogue/1715169/kim-thuy-quebec-fete-nationale