Une équipe du tonnerre
Avec l'ajout de Michael Sabia, le premier ministre Carney s'est constitué une formidable équipe à Ottawa

La compétence attire la compétence. Le premier ministre du Canada, Mark Carney, s’est constitué une équipe de très haut niveau. Le greffier du Conseil privé, Michael Sabia, le chef de cabinet, Marc-André Blanchard, et le secrétaire principal, David Lametti, sont toutes des personnes de calibre qui contribueront certainement à la réalisation de l’ambitieux programme de M. Carney.
Comme journaliste et sénateur, j’ai eu le privilège de croiser MM. Sabia, Blanchard et Lametti à diverses occasions. Chacun m’a impressionné par son expérience, ses connaissances et sa sagesse. Tous ont fait des erreurs, bien sûr, qui n’en fait pas? Mais dans l’ensemble, ils ont eu des carrières rien moins que remarquables.
Je me souviens d’une présentation que M. Sabia avait faite au Sénat au sujet de la Banque d’infrastructure du Canada que le gouvernement Trudeau était à mettre sur pied. L’idée était de lui. J’avais des réserves. Mais sa présentation fut extrêmement solide.
Plus tôt, comme journaliste, j’avais rencontré M. Sabia au sujet du projet de REM. Mes réserves alors étaient encore plus grandes. Je ne comprenais pas pourquoi la Caisse sortait de sa zone de compétence pour se lancer dans un projet qui la plongerait nécessairement dans toutes sortes de controverses susceptibles de miner sa réputation. Mais, comme d’habitude, M. Sabia voyait très grand; il rêvait d’un projet que la Caisse pourrait ensuite répliquer partout dans le monde. Dans ce cas-ci, les faits lui ont donné tort mais, comme le souligne dans La Presse + le chroniqueur économique Francis Vailles, «on ne pourra reprocher au gestionnaire qui dirigera maintenant la haute fonction publique fédérale de manquer de clairvoyance et d’ardeur au travail.»
J’ai croisé Marc-André Blanchard quand il s’est impliqué activement au Parti libéral du Québec, dont il a été notamment le président. Il a occupé de très hautes fonctions dans l’un des grands cabinets d’avocats du pays, McCarthy Tétrault, puis a été ambassadeur du Canada à l’ONU, et enfin premier vice-président et chef, CDPQ mondial et chef mondial de l’investissement durable à la Caisse de dépôt. Ses conseils sont recherchés partout. Je vois Me Blanchard comme un homme qui connaît mieux que quiconque la politique, les politiques, et le monde des affaires, notamment au Québec. Il est ce que les anglophones appellent un «problem solver», un homme sage et pragmatique.
David Lametti fait partie des personnes qui ont été traitées injustement par l’ancien premier ministre Justin Trudeau, avec Marc Garneau, récemment décédé, et Stéphane Dion. Les trois ont été expulsés sans raison du conseil des ministres. M. Lametti a connu une belle carrière universitaire comme professeur de droit, après des études aux prestigieuses universités Yale et Oxford. Il a été élu comme député de Lasalle-Émard-Verdun en 2015 et est devenu ministre de la Justice en 2019. Il a été exclu du cabinet quatre ans plus tard sans que le premier ministre lui explique pourquoi.
Du point de vue du Québec, les nominations de Sabia, Blanchard et Lametti sont d’excellentes nouvelles, puisque les trois connaissent très bien notre province. Je crois aussi que ces choix sont judicieux pour le Canada en entier, à un moment crucial de notre histoire.