(Photo campagne de Pablo Rodriguez)
Pablo Rodriguez avait à peine été élu chef du Parti libéral du Québec samedi qu’on commençait à le dépeindre comme un homme d’Ottawa, un centralisateur, etc. Par exemple ce post du commentateur Olivier Primeau. Nul doute que cette ligne d’attaque sera fréquemment employée par les adversaires politiques des libéraux au cours des prochaines semaines et des prochains mois, et lors de la campagne électorale de l’automne 2026.
Faut-il le rappeler: ce n’est pas la première fois qu’un politicien passe de la scène fédérale pour venir diriger les troupes du PLQ. Jean Lesage l’a fait, et l’Union nationale l’a accusé d’être un dangereux centralisateur. Jean Charest l’a fait, et les souverainistes sont allés jusqu’à mettre en doute le fait qu’il soit francophone (“John James Charest”). On sait ce qui est arrivé ensuite. Jean Lesage a été élu en 1960 et a été le père de la Révolution tranquille. Jean Charest a dirigé le Québec pendant neuf ans et, bien qu’il ait été vertement critiqué pendant ses mandats, je reste convaincu que l’histoire le considérera comme un grand premier ministre, certainement le politicien le plus talentueux de sa génération.
Sous-jacente à ces critiques, il y a l’idée que les Québécois qui s’impliquent en politique fédérale sont en quelque sorte des traitres à la nation, qu’ils ne défendent pas les intérêts du Québec (tels que définis, généralement, par les souverainistes). Or, cette perception dont on essaie de convaincre les Québécois est complètement fausse. J’ai assez couvert, suivi et participé à la politique fédérale, depuis plus de 40 ans, pour savoir qu’au contraire, les femmes et les hommes qui représentent le Québec à Ottawa ont absolument à coeur les intérêts des Québécois. Elles et ils veulent que la voix des Québécois soit entendue au niveau fédéral, et partout au pays. Ils veulent apporter la contribution québécoise à l’édification du Canada, pays que nous avons co-fondé.
Ainsi en est-il de Pablo Rodriguez, fier Québécois et fier Canadien, qui nous a toujours bien représenté dans la capitale fédérale. On l’attaque parce que le gouvernement de Justin Trudeau a perdu le contrôle des finances publiques et de l’immigration (l’un des candidats à la chefferie parlait du “gouvernement Trudeau-Rodrigez”). Mais M. Rodriguez n’était pas premier ministre, il n’était pas ministre des Finances, il n’était pas ministre de l’Immigration. Et, en autant qu’on sache, comme lieutenant politique québécois de M. Trudeau, il a défendu les intérêts du Québec dans ces dossiers. Le fait qu’il ne l’ait pas fait publiquement - en vertu du principe de solidarité ministérielle, il aurait dû alors démissionner - ne signifie pas qu’il ne l’a pas fait à l’interne avec vigueur et détermination.
Pablo Rodriguez connaît très bien le Québec, pour l’avoir parcouru de long en large à de nombreuses reprises au cours de sa carrière politique. Les Québécois le connaissent et l’apprécient, indiquent les sondages. Il sait comment rebâtir un parti, et comment rassembler les gens, comme l’a démontré sa campagne à la direction du PLQ. Il sait bien s’entourer.
Alors, si l’on veut s’en prendre à sa fidélité au Québec, il faudra faire mieux que sortir les vieux disques des années 1960.
J’ai vu passer des commentaires ignobles sur X dans les derniers 24h qui remettent en question la pertinence de M. Rodriguez parce qu’il est citoyen par acquisition.
Personnellement, je trouve ce fait immatériel, mais aussi pertinent pour nous différencier de nos voisins du sud. Il est parfaitement normal que nos élus reflètent la composition diversifiée de la population.
Très bonne analyse André. Malheureusement, pour bien des gens, oeuvrer à Ottawa, c’est devenir un traître…. Être québécois, fier de notre langue, de notre culture et de notre spécificité, ce n’est pas incompatible avec notre présence dans la fédération canadienne. Au contraire! Le Québec d’aujourd’hui est ce qu’il est grâce à sa présence dans le Canada.