Les crêpes de M. Carney...
... et autres petites nouvelles révélatrices en provenance du Stampede
Photo Sean Robertson dans Unsplash
Un texte de La Presse canadienne publié samedi sur le site web de La Presse nous apprenait que Mark Carney peine à retourner des crêpes. C’est une tradition de notre vie politique: lorsqu’ils se rendent au Stampede de Calgary, les chefs de parti doivent retourner quelques crêpes pour faire la preuve de leur habilité culinaire. Le premier ministre Carney a fait un fou de lui en causant plein d’éclaboussures.
En soi, l’incident est insignifiant, et on se demande même si les médias devraient rapporter une telle chose. Et pourtant… Dans le cas de M. Carney, je doute que cela ait un impact à court terme. Mais à plus long terme, on ne sait jamais. Ça pourrait, par exemple, confirmer la perception de bien des Canadiens que Carney n’est pas un homme du peuple, qu’il est déconnecté, membre d’une élite. Comme les écrits, les images restent.
C’est arrivé avant. En politique canadienne, le cas le plus célèbre est celui d’une photo du chef conservateur Robert Stanfield, incapable d’attraper un ballon de football lors de la campagne électorale de 1974, alors qu’il faisait face au très charismatique Pierre Elliott Trudeau.
Photo Doug Ball, Presse Canadienne.
La photo, injuste pour le politicien puisqu’il avait attrapé le ballon quelques fois avant ce coup-ci, en est venue à symboliser sa personnalité ennuyante, maladroite. On dit que cela lui a coûté l’élection, ce qui a mené à sa démission et à sa retraite de la vie politique.
D’autres informations en apparence peu importantes m’ont frappé dans ce texte. Ainsi, il est indiqué que «le chef conservateur Pierre Poilievre était également présent au déjeuner, mais il a attendu dans son véhicule le départ de M. Carney.» Quelle curieuse personnalité que ce M. Poilievre, qui fait tout pour éviter de rencontrer son rival. Imaginez, il aurait peut-être été forcé de parler à M. Carney, voire de lui serrer la main! N’est-ce pas une indication de son côté hyper-partisan, suivant lequel les politiciens des autres partis sont vus comme des ennemis plutôt que des adversaires?
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a aussi participé au déjeuner du Stampede. Elle en a profité, elle, pour jaser un peu avec son homologue fédéral. Selon la Presse Canadienne, «Mme Smith a annoncé à M. Carney qu’elle et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, allaient signer un protocole d’entente sur l’énergie, les priorités et le commerce. ‘Ce serait tellement bien si nous n’avions pas de règles de carboneutralité’, a confié Mme Smith.»
De toute évidence, la première ministre albertaine ne comprend rien à l’importance de la lutte aux changements climatiques. Oui, il faut des règles de carboneutralité! Cependant, ces règles doivent tenir compte de l’importance des énergies fossiles pour l’économie canadienne (non seulement albertaine). Il faut qu’Ottawa et l’Alberta arrivent à un compromis qui aiderait le Canada à atteindre ses cibles de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, sans pour autant tuer cette industrie. Difficile, sans aucune doute. Mais possible, en autant que toutes les parties aient la volonté politique d’y arriver. Dans le cas de Mme Smith, j’ai de très gros doutes.
le chef conservateur Pierre Poilievre était également présent au déjeuner, mais il a attendu dans son véhicule le départ de M. Carney.»
Je croyais que la défaite lui avait transmis une certaine leçon de vie et qu’il travaillait à diminuer de quelques crans la hargne et l’arrogance qui ont marqué la dernière campagne électorale….
Ah, la naïveté!