Le rêve de la république
Bien des Québécois aimeraient se débarrasser de la monarchie. Mais sommes-nous certains que c'est une bonne idée?
(Photo Rhamely pour Unsplash)
Comme bien des Canadiens, notamment au Québec, je comprends mal l’invitation faite au roi Charles par le premier ministre, Mark Carney. Comment la lecture du discours du Trône par le roi, qui est le roi du Canada mais aussi (et surtout) le roi de la Grande-Bretagne, représente-t-elle une affirmation de la souveraineté du Canada?
Selon un sondage Léger publié lundi matin par le Journal de Montréal, 87% des Québécois disent ne ressentir aucun attachement pour la monarchie britannique. S’il y avait un référendum sur la question, 52% des Québécois voteraient pour le remplacement de la monarchie par une république.
Je ne suis pas particulièrement attaché au roi ou à la monarchie. Mais à l’ensemble de nos institutions, oui. Malgré tout ce qu’on en dit, elles fonctionnent plutôt bien, ayant assuré au Canada stabilité et paix, malgré des tensions parfois très vives. C’est la marque d’un système solide. Les choses en seraient-elles ainsi si nous étions une république? Rien n’est moins sûr.
Nous célébrions la semaine dernière la fête des Patriotes. Plusieurs d’entre eux souhaitaient que le Bas-Canada devienne une république (et, pour certains, se joigne aux États-Unis). Les avantages de l’annexion étaient tels, à leurs yeux, qu’ils valaient les risques que courrait notre langue dans le grand ensemble américain.
Mais voyons aujourd’hui les grandes républiques, notamment la France et les États-Unis. Que leur envions-nous exactement? Bien sûr, les citoyens et citoyennes élisent leur chef d’État. Mais est-ce un gage de bonne gouvernance, de paix sociale, de démocratie modérée?
Moi aussi, je trouve les fonctions de gouverneur général et de lieutenant gouverneur anachroniques. Mais, comme représentants du roi, ces personnes assurent la continuité de nos institutions, c’est-à-dire la stabilité. Pour un grand pays multiculturel comme le Canada, parfois sujet à de vives tensions régionales et culturelles, cette garantie est précieuse.
Il en est de la monarchie comme de notre Sénat. Il est à la mode de vouloir s’en débarrasser. Mais pour les remplacer par quoi? Quelle garantie avons-nous que les choses iraient mieux?
Je donne raison au proverbe: Un ‘tiens’ vaut mieux que deux ‘tu l’auras’.
PS: À lire aussi ce texte intéressant sur les rapports entre le Québec et la monarchie, publié dans La Presse + ce matin.