(Photo de Juan Fernandez sur Unsplash)
Du côté de M. Plamondon
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, presse le gouvernement du Québec de baisser ses taxes sur l’essence de façon à ce qu’il n’y ait plus d’écart entre le prix du litre payé par les Ontariens et celui payé par les Québécois. Le coût de cette mesure serait de $800 millions à $1,5 milliard, selon le PQ.
Passons rapidement sur le fait qu’au moment où le gouvernement du Québec est dans une impasse financière telle que Standard & Poors vient d’abaisser sa cote de crédit, on voit mal comment Québec pourrait se priver d’un milliard par année.
Ce qui m’étonne le plus dans cet engagement de M. Plamondon, qui en a fait sa première promesse en vue des élections d’octobre 2026, c’est qu’elle va à l’encontre du message que martèle son parti depuis des années au sujet de l’indépendance. En effet, le PQ ne cesse d’affirmer que la souveraineté permettrait au Québec de mieux lutter contre les changements climatiques parce qu’il ne serait plus prisonnier d’un «État pétrolier». Or, dans une province où le transport est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre, diminuer le prix de l’essence est une mesure qui encouragera la consommation de carburants fossiles et rendra les voitures électriques moins concurrentielles. M. Plamondon affirme qu’il ne souhaite pas abandonner la Bourse du carbone; mais diminuer les taxes sur l’essence a exactement le même effet.
Comment expliquer ce revirement? Difficile de ne pas penser que les péquistes ont les yeux tournés vers l’élection complémentaire qui aura lieu dans la circonscription d’Arthabaska, où se présentera le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime. M. Duhaime, on le sait, fait campagne pour le retrait du Québec de la Bourse du carbone. Il y a aussi le sondage Léger, justement publié hier, montrant qu’une majorité de Québécois souhaite maintenant la disparition de la Bourse du carbone.
Du côté de M. Carney
Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé hier la mise en œuvre du «Dôme doré» (Golden Dome), un bouclier capable d’intercepter tout missile lancé contre les États-Unis. M. Trump souhaite que le Canada participe à cette initiative de plusieurs centaines de milliards de dollars. Et le bureau du premier ministre canadien, Mark Carney, a fait savoir que les discussions actuelles entre les deux gouvernements «portent naturellement sur le renforcement du NORAD et sur des initiatives connexes telles que le Dôme doré». Autrement dit, le Canada est ouvert à s’engager dans ce projet.
Voilà une attitude étonnante, à l’issue d’une campagne électorale où la défense de la souveraineté du Canada a été l’enjeu principal. Et voici que le pays participerait à une initiative de défense américaine extrêmement coûteuse et controversée? D’ailleurs, depuis le premier ministre Lester B. Pearson en 1968, en passant par les gouvernements Mulroney, Chrétien, et Martin, le Canada a toujours refusé de participer aux initiatives antimissiles de Washington. Alors, pourquoi cela est-il envisagé à ce moment-ci?
Je me souviens qu’à l’époque d’un projet de bouclier antimissiles prôné par le président George W. Bush, dans les pages de La Presse, je m’étais prononcé en faveur de la participation du Canada. Il m’avait fallu des semaines pour arriver à cette conclusion, parce qu’il s’agit d’un dossier très complexe, aux retombées incertaines sur le plan de la paix dans le monde, de la course aux armements et des intérêts du Canada.
Donc, je ne dis pas que je suis nécessairement contre. Je dis seulement que l’ouverture spontanée manifestée par le premier ministre Carney, dans le contexte géopolitique créé par l’administration Trump, mérite explication et débat. Les Canadiens doivent savoir dans quoi le gouvernement songe à les embarquer.
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