Bock-Côté: quel mépris!
Le chroniqueur indépendantiste attribue au «vieux fond colonisé» des Québécois la popularité de Mark Carney
Le chroniqueur indépendantiste Mathieu Bock-Côté vient de pondre un texte d’un incroyable mépris pour les Québécois. MBC, comme on l’appelle, s’en prend au fait que, selon les plus récents sondages, la majorité des Québécois voient d’un oeil positif le nouveau premier ministre du Canada, Mark Carney. Selon le chroniqueur, cela ne peut être dû qu’à un «vieux fond colonisé»:
«Disons-le simplement: les Québécois semblent vouloir un boss, un bon boss, et encore mieux, un bon boss anglais, qui leur dit quoi faire et quoi ne pas faire, à partir de la capitale fédérale.»
Que les Québécois puissent apprécier, rationnellement, la façon de gouverner de M. Carney ne vient pas à l’esprit du chroniqueur. Non, les Québécois ne sont à ses yeux que de bêtes moutons qui suivent aveuglément «un Anglais» parce qu’ils sont encore «colonisés».
S’étant moqué pendant des années de Justin Trudeau, pas assez intelligent à son goût, voici que MBC s’en prend à M. Carney, qu’on ne peut certainement pas taxer du même mal. Carney, écrit-il, «se reconnaît parfaitement dans ce sentiment de supériorité typiquement anglo-saxon, qui a poussé l’Empire britannique, au fil de l’histoire, à se croire destiné à dominer les autres peuples de la terre.» Sur quel fait, quelle déclaration se base Bock-Côté pour faire une telle affirmation concernant l’état d’esprit du premier ministre canadien? Il n’y a rien.
MBC dénonce «l’anglosuprématisme»: «Les Irlandais en ont souffert, les Québécois aussi, et tant d’autres peuples.» Il ne fait pas de doute que le colonialisme britannique a fait souffrir beaucoup de peuples, y compris les Québécois francophones. Mais qu’en est-il du colonialisme français, fait de ce pays qu’apprécie tant Bock-Côté au point d’y vivre une bonne partie du temps? Pas un mot.
Pour le chroniqueur vedette de Québecor, la popularité de M. Carney tient aussi à la trahison des élites québécoises qui ont été littéralement achetées par «les Anglais»:
«Les Anglais, pour dominer, ont toujours utilisé la même méthode: après leur conquête, ils achètent à coup de promotions, de subventions et de menaces l’élite du peuple vaincu. Cette dernière signera un pacte faustien: ses privilèges dépendent de sa capacité à faire accepter au peuple en question sa soumission, en lui laissant même croire qu’il n’est pas dominé.»
Mais qu’est-ce que c’est que ce complotisme? De quelle élite parle donc Bock-Côté? De quelles promotions, subventions et menaces est-il question? S’il existe un élite influente au Québec, c’est bien celle qui sévit dans les médias de Québecor, dont MBC fait lui-même partie, et dirigée par le très indépendantiste Pierre-Karl Péladeau. Et s’il y a un gouvernement qui subventionne à tours de bras, c’est bien le gouvernement provincial, souvent dirigé par des indépendantistes.
Mark Carney est apparemment coupable, comme son prédécesseur, de mener une «immigration massive»; pas un mot sur le fait que le nouveau gouvernement a annoncé des changements importants dans la politique fédérale d’immigration, changements qui auront pour effet de diminuer significativement le nombre de nouveaux arrivants au Canada, notamment au Québec. L’immigration dite massive n’aura duré que quelques années.
Aux yeux de Bock-Côté, cette «immigration massive nous submerge, nous anglicise, nous islamisme, nous pousse à la dissolution collective. (…) À Montréal, à Laval, et dans le 450, nous sommes de moins en moins chez nous.» Qui ne se sent pas «chez nous»? Les Québécois francophones de souche, évidemment. Les autres - les anglophones, les allophones - ne font pas partie du «nous» de l’intellectuel.
C’est curieux, à voir les masses de monde rassemblées pour la Fête nationale il y a quelques jours, rien n’indique que ce peuple soit au bord de la «dissolution collective»!
Et voici une autre affirmation sans fondement: admettons qu’à Montréal et à Laval, le français fait face à des défis particuliers. Mais «dans le 450»? À Boucherville (92% de francophones)? À Terrebonne (93% de francophones)?
Et l’immigration «nous islamise»? 5% de la population québécoise est de religion musulmane. Et ce 5%, dont bon nombre ne sont pas pratiquants et qui très souvent parlent un excellent français, serait sur le point de soumettre le Québec à l’Islam? C’est n’importe quoi.
Mathieu Bock-Côté jouit de tribunes inégalées au Québec, et les rares commentateurs qui osent lui répondre ne sont pas à armes égales. Mais il faut répliquer quand même, surtout lorsque le chroniqueur exprime un tel mépris à l’égard du peuple qu’il prétend défendre.
Bonjour M. Legault.
Vous dites que « les immigrants » font mine de ne pas comprendre. Sur quelles données vous fondez-vous pour faire une affirmation aussi générale? Selon vous, les immigrants se comportent en « colonisateurs « . De quoi parlez-vous exactement? Selon ce que j’observe pour ma part, la grande majorité des nouveaux arrivants ne rêvent que de s’intégrer le plus rapidement possible à la société d’accueil, tout en conservant les éléments les plus chers de leur culture d’origine. Ça me semble être une recette gagnante de part et d’autre. Non?
Bon dimanche!
Les immigrants font mine de ne pas comprendre et appellent cela du racisme (encouragés par les Anglais?). Mais on va se le dire, quand ça se passe dans leurs pays d’origine, ils appellent cela de la colonisation qu’ils associent à du racisme systémique. Ils immigrent et agissent comme les colonisateurs. Donc, ils font mine de pas comprendre ou ne prennent pas le recul pour en prendre conscience. Est-ce un néocolonialisme? Un retour du balancier?